Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

çais du XIXe siècle sans haine ni amour et uniquement comme des machines menées par le possesseur du budget, que Leuwen et Coffe entrèrent à la préfecture de Caen.

Un valet de chambre, vêtu avec un soin rare en province, les introduisit dans un salon fort élégant. Des portraits à l’huile de tous les membres de la famille royale ornaient ce cabinet, qui n’eût pas été déplacé dans une des maisons les plus élégantes de Paris.

— Ce renégat va nous faire attendre ici dix minutes. Vu votre grade, le sien, et ses grandes occupations, c’est la règle.

— J’ai justement apporté le pamphlet in-18 composé de ses articles. S’il nous fait attendre plus de cinq minutes, il me trouvera plongé dans la lecture de ses ouvrages.

Ces messieurs se chauffaient près de la cheminée quand Leuwen vit à la pendule que les cinq minutes d’attente sans affectation de la part de l’attendu étaient expirées. Il s’établit dans un fauteuil tournant le dos à la porte, et continua la conversation ayant à la main le pamphlet in-18 couvert de papier rouge.

On entendit un bruit léger, et Leuwen devint tout attention pour son pamphlet. Une porte s’ouvrit, et Coffe, qui tournait le dos à la cheminée et que la rencontre