Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur lequel donnaient ses croisées ; c’était un contraste piquant avec la sécheresse de toutes les sensations dont il était assailli. Lucien se mit à considérer les arbres avec attendrissement.

En s’asseyant, il remarqua de la poudre sur le dossier de son fauteuil.

« Mon prédécesseur n’avait pas de ces idées-là », se dit-il en riant.

Bientôt, en voyant l’écriture sage, très grosse et très bien formée de ce prédécesseur, il eut le sentiment de la vieillerie au suprême degré.

« Il me semble que ce cabinet sent l’éloquence vide et l’emphase plate. »

Il décrocha deux ou trois gravures de l’école française : Ulysse arrêtant le char de Pénélope, par MM. Fragonard et Le Barbier… et les envoya dans les bureaux. Plus tard, il les remplaça par des gravures d’Anderloni et de Morghen.

Le ministre revint une heure après et lui remit une liste de vingt-cinq personnes qu’il fallait inviter pour le lendemain.

— J’ai décidé qu’au moment où l’horloge du ministère sonne l’heure, le portier vous apportera toutes les lettres arrivées à mon adresse. Vous me donnerez sans délai ce qui viendra des Tuileries ou des ministères, vous ouvrirez tout le reste et m’en ferez un extrait en une ligne,