Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’intimité auprès de madame d’Hocquincourt[1].

« Il faudrait savoir s’il s’est présenté chez moi avant de venir ici », pensait-elle.

Peu à peu, il vint beaucoup de monde : M. de Murcé, de Sanréal, Roller, de Lanfort, et quelques autres inconnus au lecteur, et dont, en vérité, il ne vaut pas la peine de lui faire faire la connaissance. Ils parlaient trop haut et gesticulaient comme des acteurs. Bientôt parurent mesdames de Puylaurens, de Saint-Cyran, enfin M. d’Antin lui-même.

Malgré elle, madame de Chasteller regardait toujours les yeux de sa brillante rivale. Après avoir répondu à tout le monde et fait rapidement le tour du salon, ces yeux, qui ce soir-là avaient presque le feu de la passion, revenaient toujours à Leuwen et semblaient le contempler avec une curiosité vive.

« Ou, plutôt, ils lui demandent de l’amuser, se disait madame de Chasteller. M. Leuwen lui inspire plus de curiosité que M. d’Antin, voilà tout. Ses sentiments ne vont pas au-delà pour aujourd’hui ; mais chez une femme de ce caractère, les incertitudes ne sont pas de longue durée[2]. »

  1. Peut-être trop de symétrie dans la forme. Est-ce une grâce ?
  2. Style. – Longues ou de longue durée ? Combat entre