avec assurance à voir l’habit que l’on donnerait à son fils. M. de Rênal ouvrit son bureau et prit cent francs.
— Avec cet argent, votre fils ira chez M. Durand, le drapier, et lèvera un habit noir complet.
— Et quand même je le retirerais de chez vous, dit le paysan, qui avait tout à coup oublié ses formes révérencieuses, cet habit noir lui restera ?
— Sans doute.
— Oh bien ! dit Sorel d’un ton de voix traînard, il ne reste donc plus qu’à nous mettre d’accord sur une seule chose l’argent que vous lui donnerez.
— Comment ! s’écria M. de Rênal indigné, nous sommes d’accord depuis hier : je donne trois cents francs ; je crois que c’est beaucoup, et peut-être trop.
— C’était votre offre, je ne le nie point, dit le vieux Sorel, parlant encore plus lentement ; et, par un effort de génie qui n’étonnera que ceux qui ne connaissent pas les paysans francs-comtois, il ajouta, en regardant fixement M. de Rênal : Nous trouvons mieux ailleurs.
À ces mots la figure du maire fut bouleversée. Il revint cependant à lui, et, après une conversation savante de deux grandes heures, où pas un mot ne fut dit au hasard, la finesse du paysan l’emporta sur la finesse