Page:Stendhal - Le Rouge et le Noir, I, 1927, éd. Martineau.djvu/435

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lant de colère. Il regarda dans la chambre, dans le cabinet, sans mot dire, et disparut. Les habits de Julien lui furent jetés, il les saisit, et courut rapidement vers le bas du jardin du côté du Doubs.

Comme il courait, il entendit siffler une balle, et aussitôt le bruit d’un coup de fusil.

Ce n’est pas M. de Rênal, pensa-t-il, il tire trop mal pour cela. Les chiens couraient en silence à ses côtés, un second coup cassa apparemment la patte à un chien, car il se mit à pousser des cris lamentables. Julien sauta le mur d’une terrasse, fit à couvert une cinquantaine de pas, et se remit à fuir dans une autre direction. Il entendit des voix qui s’appelaient, et vit distinctement le domestique, son ennemi, tirer un coup de fusil ; un fermier vint aussi tirailler de l’autre côté du jardin, mais déjà Julien avait gagné la rive du Doubs où il s’habillait.

Une heure après, il était à une lieue de Verrières, sur la route de Genève ; si l’on a des soupçons, pensa Julien, c’est sur la route de Paris qu’on me cherchera.

fin du premier volume