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sait rapidement et éclairait vivement la chambre ; Julien retrouva toutes les voluptés de l’orgueil, lorsqu’il put revoir dans ses bras et presqu’à ses pieds, cette femme charmante, la seule qu’il eût aimée et qui, peu d’heures auparavant, était tout entière à la crainte d’un Dieu terrible et à l’amour de ses devoirs. Des résolutions fortifiées par un an de constance n’avaient pu tenir devant son courage.

Bientôt on entendit du bruit dans la maison ; une chose à laquelle elle n’avait pas songé vint troubler madame de Rênal.

— Cette méchante Élisa va entrer dans la chambre, que faire de cette énorme échelle ? dit-elle à son ami ; où la cacher ? Je vais la porter au grenier, s’écria-t-elle tout à coup, avec une sorte d’enjouement.

— Mais il faut passer dans la chambre du domestique, dit Julien étonné.

— Je laisserai l’échelle dans le corridor, j’appellerai le domestique et lui donnerai une commission.

— Songe à préparer un mot pour le cas où le domestique passant devant l’échelle, dans le corridor, la remarquera.

— Oui, mon ange, dit madame de Rênal en lui donnant un baiser. Toi, songe à te cacher bien vite sous le lit, si, pendant mon absence, Élisa entre ici.