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derniers reproches qu’elle se faisait pour sa trop rapide victoire.

Un peu avant la cloche du dîner, Julien rentra avec les enfants. Au dessert, quand les domestiques se furent retirés, madame de Rênal lui dit fort sèchement :

— Vous m’avez témoigné le désir d’aller passer une quinzaine de jours à Verrières, M. de Rênal veut bien vous accorder un congé. Vous pouvez partir quand bon vous semblera. Mais, pour que les enfants ne perdent pas leur temps, chaque jour on vous enverra leurs thèmes, que vous corrigerez.

— Certainement ajouta M. de Rênal d’un ton fort aigre, je ne vous accorderai pas plus d’une semaine.

Julien trouva sur sa physionomie l’inquiétude d’un homme profondément tourmenté.

— Il ne s’est pas encore arrêté à un parti, dit-il à son amie, pendant un instant de solitude qu’ils eurent au salon.

Madame de Rênal lui conta rapidement tout ce qu’elle avait fait depuis le matin.

— À cette nuit les détails, ajouta-t-elle en riant.

Perversité de femme ! pensa Julien. Quel plaisir, quel instinct les porte à nous tromper.

— Je vous trouve à la fois éclairée et