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monsieur, avertir M. le doyen et messieurs du chapitre.

Bientôt M. Chélan, suivi des deux curés les plus âgés, entra par une fort grande porte magnifiquement sculptée, et que Julien n’avait pas aperçue. Mais cette fois il resta à son rang le dernier de tous, et ne put voir l’évêque que par-dessus les épaules des ecclésiastiques qui se pressaient en foule à cette porte.

L’évêque traversait lentement la salle ; lorsqu’il fut arrivé sur le seuil les curés se formèrent en procession. Après un petit moment de désordre, la procession commença à marcher en entonnant un psaume. L’évêque s’avançait le dernier entre M. Chélan et un autre curé fort vieux. Julien se glissa tout à fait près de Monseigneur, comme attaché à l’abbé Chélan. On suivit les longs corridors de l’abbaye de Bray-le-Haut ; malgré le soleil éclatant, ils étaient sombres et humides. On arriva enfin au portique du cloître. Julien était stupéfait d’admiration pour une si belle cérémonie. L’ambition réveillée par le jeune âge de l’évêque, la sensibilité et la politesse exquise de ce prélat se disputaient son cœur. Cette politesse était bien autre chose que celle de M. de Rênal, même dans ses bons jours. Plus on s’élève vers le premier rang de la société, se dit Julien,