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bâtarde qu’elle a eue en arrière de son mari et qu’elle a forcé ce gros butor à adopter, et cela pour lui faire déshériter son pauvre neveu, Guillaume Hautemare.

— Hé ! par pitié, voisine, ne dites donc rien de malhonnête ! Ayez du moins quelque considération pour cette jeunesse que je conduis avec moi.

Cette prière, prononcée d’un ton doctoral, fut suivie d’une douzaine de réponses qui partirent à la fois, mais que je ne saurais transcrire.

— Regagne la maison en courant, Lamiel, s’écria Mme Hautemare ; et la petite fille partit, enchantée de pouvoir courir. La bonne femme se donna le plaisir d’adresser un sermon en trois points aux laveuses, lorsque elles, désolées de ne pouvoir ressaisir la parole, se mirent tout à coup à crier toutes à la fois pour tâcher de faire déguerpir Mme Hautemare. Mais cette femme intrépide avait à cœur leur conversion, et continua à prêcher plus de cinq minutes, avec l’accompagnement de trente femmes criant à tue-tête.


Au moyen de ces deux belles attaques sur des passants récalcitrants, les laveuses trouvèrent le