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et ridicule d’amuser les gens par son esprit. Elle eût pu de cette façon briller autant que bien d’autres, mais ce genre de succès lui semblait fait uniquement pour des êtres faibles ; suivant elle, une âme de quelque valeur devait agir et non parler.

Si elle se servait de son esprit, c’était assez rarement et uniquement pour se moquer, et même avec quelque dureté, de ce qui était établi dans le monde comme vertu ; elle se souvenait de tous les sermons qui autrefois l’avaient ennuyée chez les Hautemare. Un paysan normand est vertueux, disait-elle, parce qu’il assiste à complies, et non pas parce qu’il ne vole point les pommes du voisin.

Les père et mère d’Amiel sont morts depuis longtemps ; son oncle Hautemare, le bedeau, décide qu’elle ira au pays pour cette succession, mais comme depuis la répression des Chouans et la fusillade de Charrette, il a une peur horrible du gouvernement, il fait prendre un passeport bien en règle pour L’Amiel (sic).


L’Amiel a deux, trois, quatre amants successifs ; revue des principaux caractères de jeunes gens de l’époque. Intérêt comme dans les contes ; chaque amour dure trois mois, puis regret pendant six mois, puis un autre amour.

Le but de Sansfin est de lier L’Amiel avec le duc, être aussi faible qu’il est aimable, et plus tard de porter celui-ci à épouser L’Amiel, au moins de la main gauche.

L’Amiel, parfaitement indifférente à la richesse, se