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rence, c’était d’abord d’être faible jusqu’à la pusillanimité ; la plaisanterie la plus simple et la moins fréquente, et que le défaut d’esprit condamnait à mourir en naissant, lui donnait de l’humeur pour huit jours. En second lieu, M. d’Aubigné-Nerwinde oubliait complètement son glorieux père, connu de la France et de l’Europe entière, le général Boucaud, comte de Nerwinde, et sans cesse il pensait à son grand-père Boucaud, petit chapelier de Périgueux.

Voudra-t-on croire cet excès d’orgueil, de susceptibilité et de faiblesse ? La moindre plaisanterie sur le commerce, bien plus, le propos d’un homme qui disait devant lui : « Je viens d’acheter un chapeau », le faisait regarder entre les deux yeux l’homme qui prenait la liberté de dire une chose aussi étrange, et le mettait hors de lui pour toute une journée. Le problème, qui se posait alors, était celui-ci :

— Dois-je laisser passer ce trait piquant, ou bien dois-je me fâcher ?

Dès l’âge de seize ans, Nerwinde était bourrelé par ce mot : Un petit chapelier établi dans un des faubourgs de Périgueux. Quelle apparence que l’on pût prendre pour un comte véritable le