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stance redoubla l’étonnement de Mme Le Grand, la maîtresse de l’hôtel : Lamiel avait chaud, en entrant dans le boudoir de Mme Le Grand, elle prit son mouchoir et enleva presque toute la couleur qui déparait sa joue. La curiosité de Mme Le Grand la rendit fort attentive ; elle commença par étudier le passeport de la jeune fille et la traita avec tant de bonté que, dès le lendemain, Lamiel lui avoua que, impatientée par les attentions des voyageurs et surtout de l’espèce commis voyageur, elle avait profité de l’avis à elle donné par un autre voyageur, apothicaire de son métier, en se peignant la joue avec du vert de houx.

Deux jours après, l’hôtel était dans l’admiration de cette grande fille, aux mouvements un peu désordonnés, il est vrai, mais si bien faite et qui employait un genre de fard si singulier. Mme Le Grand lui rendit le service de faire jeter à la poste, à Saint-Quentin, une lettre adressée à M. de Miossens, à X…, et ainsi conçue :

« Cher ami, ou plutôt Monsieur le duc,

« J’ai admiré en vous des manières parfaites ; vos bontés sans fin m’ôtent presque le courage de