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sur le même sujet et j’oublierais tout également. »

N’y a-t-il pas ici autre chose qu’un compliment ? Cet aveu ne renferme-t-il pas une critique ? Beyle, pourtant, n’hésite pas à nous le faire avec autant de candeur vraie que lorsqu’il constate une de ses supériorités. Il s’observe lui-même très sincèrement, avec le même abandon, la même impartialité que quand il observe les autres. Ce talent d’improvisateur, il le regrette, il sent bien que cette facilité de travail et ce manque de mémoire sont incompatibles, il devine que des fragments improvisés, puis oubliés, ne peuvent se réunir aisément pour former une œuvre de longue haleine, pour composer un roman ; et c’est de là que vient ce travail pénible et improbe, que donnaient à Beyle ses ouvrages ; nous savons enfin quelle est la cause de ces perpétuels recommencements, dont les appendices que nous publions à la fin de ce volume nous offrent un exemple tout à fait significatif.