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héritier qui habite Dieppe. Peut-être devra-t-elle aller à Paris. Donc, mon cher Lairel, passeport pour Rouen, Dieppe et Paris. Vous me remettez le passeport ; trois jours après, vous déclarez au maire qu’elle a égaré le passeport, qu’elle se dégoûte de ce voyage, car un passeport perdu est un mauvais présage, et qu’elle reste. Je vous ferai écrire de Rouen une lettre qui parlera de l’héritage et dira qu’il n’est plus besoin du voyage.

— Je vais faire tout ça de point en point, dit Lairel ; mais l’honneur ! Le nom de ma pauvre nièce va être porté par quelque demoiselle que M. le duc fait venir de Paris.

— Vous avez peut-être raison, mais changez un peu l’orthographe du nom de votre nièce. Comment s’appelle-t-elle ?

— Jeanne Verta Laviele, âgée de dix-neuf ans.

Le duc arracha une page du registre du garde-chasse et écrivit : Leviail Jeanne-Gerta.

— Tâchez d’avoir un passeport sous ce nom-là.

— Il n’est que neuf heures, le maire est au cabaret ; je vais lui tirer cette carotte. S’il ne va pas consulter le curé, la bête est à nous.

Le même soir, à onze heures trois quarts, le garde-chasse vint au château, malgré un temps