Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ministère ! C’est le sort de nos pauvres Bourbons d’appeler toujours les imbéciles dans leur conseil. Ils avaient trouvé M. de Villèle ; à la vérité, c’est un bourgeois, mais c’est une raison pour qu’il connaisse mieux les bourgeois qui attaquent la cour. L’École polytechnique aura été amenée aux Tuileries avec des canons, et ces pauvres enfants, séduits par quelques mots flatteurs du roi, vont défendre les Tuileries, comme autrefois les Suisses, au 10 août.

Dans son impatience, la duchesse sonna toutes ses femmes ; elle ouvrit sa fenêtre et se précipita à demi vêtue sur son grand balcon.

— Allons, Saint-Jean, allons, vous déciderez-vous enfin à ouvrir ?

— Pardieu ! madame, répondit le vieux valet de chambre, plein d’humeur, voici une belle heure pour ouvrir ! Je ne veux pas qu’ils me mordent.

— Vous avez donc peur d’être mordu par des gens qui assiègent ma porte, et quels sont-ils ces gens ?

— Voilà une belle idée, répondit le vieillard plein d’humeur, il s’agit de vos chiens qui sont à mes trousses ; c’est une belle idée que d’avoir fait venir ces affreux bull-dogs anglais ! C’est qu’une