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à l’homme qui prétend l’aimer s’il a le projet de consacrer ses sentiments par le sacrement du mariage.

— Mais si l’homme qui éprouve de l’amitié pour la jeune fille est déjà marié ?

— Alors, c’est l’affreux péché d’adultère qui fait la gloire suprême des jeunes gens et qui, en France, marque les rangs entre eux. Mais tandis que le jeune homme est glorifié, la malheureuse adultère est obligée de vivre seule à la campagne et le plus souvent dans la misère ; lorsqu’elle entre dans un salon, toutes les femmes s’éloignent d’elle avec affectation, et même celles qui sont aussi coupables qu’elle. Sa vie est abominable dans ce monde, et, son cœur se remplissant de haine et de méchanceté, elle est très probablement damnée dans l’autre ; de sorte que sa vie est abominable sur la terre et, après sa mort, les tourments les plus affreux lui sont réservés.

Cette image parut toucher profondément la jeune fille, puis au bout d’un instant elle se dit :

— Mais y a-t-il un enfer ? y a-t-il un enfer éternel et Dieu serait-il bon s’il faisait un enfer éternel ? car enfin, au moment où je suis née,