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sentir d’amitié pour une autre femme du même âge qu’elle.

— Tout ceci est bien minutieux, ajoutait le docteur, mais voyez sur quelles minuties, sur quels mensonges sont fondées les opinions qui sont prises comme des vérités de l’évangile par toutes les vieilles femmes de la ville[1].

L’abbé était déjà tellement amoureux, sans le savoir, que ces moments de distraction de Lamiel le plongeaient dans un chagrin mortel.

Il fit lire à sa jeune élève le traité d’éducation des filles du célèbre Fénelon, mais Lamiel avait déjà assez d’esprit pour trouver vagues et sans conclusion applicable toutes ces idées si douces, exprimées dans un style si poli et si rempli d’attentions pour la vanité de l’esprit qui apprend.

« Par exemple, se disait Lamiel, voilà une grâce que jamais le docteur n’a connue. Quelle différence de sa gaîté à celle de cet abbé Clément ! Le Sansfin n’est gai du fond du cœur que quand

  1. Pour délasser Lamiel de la sécheresse des préceptes, le docteur lui avait prêté une Vie de M. de Talleyrand, écrite par un homme d’un esprit fin, M. Eugène Guinot. 11 janvier 1840, amor [Rome]. (Note de Beyle.).