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l’étude de trois ou quatre maladies ? Lors de mes premiers essais à la tribune, ma bosse m’empêchera d’être envié. À quoi bon courir en Amérique ? Mon pays m’offre la situation qui me convient ; il faut que Mme de Miossens ait un salon considéré à Paris, et que ce salon réponde de moi à la bonne compagnie. Par monsieur le cardinal archevêque, je puis me faire agréer de la congrégation. Ces deux belles préparations achevées, la porte m’est ouverte, c’est à moi d’entrer, si j’ai assez de vigueur dans les jambes. En attendant, il faut m’amuser ; pendant que je vais suivre ce grand dessein, il faut me donner les prémices du cœur de cette jeune fille.

Pour parvenir à toutes ces belles choses, Sansfin fit durer pendant plusieurs mois la prétendue maladie de Lamiel ; comme l’origine du peu de réel qu’il y avait dans cette indisposition fort simple était l’ennui, Sansfin sacrifiait toute chose au désir d’amuser la malade ; mais il fut étonné de la clarté et de la vigueur de cet esprit si jeune : la tromper était fort difficile. Bientôt Lamiel fut convaincue que ce pauvre médecin d’une figure aussi burlesque était le seul ami qu’elle eût au monde. En peu de temps, par des plaisanteries