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c’est que jamais, dans la maison de Miossens, l’on n’avait appelé un médecin de Paris pour les gens.

— Je pourrais suggérer à Mme la duchesse l’idée bien simple de faire appeler ce médecin pour sa propre santé que, dans le fait, tous ces tracas nous donnent la douleur de voir fort altérée.

— Mes femmes verront bien, répondit la duchesse d’un ton romain, que le médecin de Paris est appelé pour Lamiel et non pour moi.

Ce médecin, appelé par un courrier, après s’être fait attendre quarante-huit heures, daigna enfin paraître. Ce M. Duchâteau était une sorte de Lovelace de faubourg, encore jeune et fort élégant ; il parlait beaucoup et avec esprit, mais avait quelque chose de si horriblement commun dans ses façons d’agir et dans le langage qu’il scandalisait même les femmes de chambre de la duchesse. Du reste, au milieu de ses bavardages sans limites, les femmes de chambre elles-mêmes remarquèrent qu’il daigna consacrer à peine six minutes à examiner la maladie de Lamiel. Comme on voulait lui raconter les symptômes, il déclara n’avoir nul besoin d’un tel récit, et prescrivit un traitement absolument insignifiant. Quand, au