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Le comte, ressuscité par cette lueur d’espoir, était déjà sur le chemin de la cathédrale ; étonné de la légèreté de sa démarche, il sourit malgré son chagrin : Ce que c’est, dit-il, que de n’être plus ministre ! Cette cathédrale, comme beaucoup d’églises en Italie, sert de passage d’une rue à l’autre, le comte vit de loin un des grands vicaires de l’archevêque qui traversait la nef.

— Puisque je vous rencontre, lui dit-il, vous serez assez bon pour épargner à ma goutte la fatigue mortelle de monter jusque chez monseigneur l’archevêque. Je lui aurais toutes les obligations du monde s’il voulait bien descendre jusqu’à la sacristie. L’archevêque fut ravi de ce message, il avait mille choses à dire au ministre au sujet de Fabrice. Mais le ministre devina que ces choses n’étaient que des phrases et ne voulut rien écouter.

— Quel homme est-ce que Dugnani, vicaire de Saint-Paul ?

— Un petit esprit et une grande ambition, répondit l’archevêque, peu de scrupules et une extrême pauvreté, car nous en avons des vices !

— Tudieu, monseigneur ! s’écria le ministre, vous peignez comme Tacite ; et il prit congé de lui en riant. À peine de retour au ministère, il fit appeler l’abbé Dugnani.