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chaire. Clélia était si confuse, baissant les yeux, et réfugiée dans un coin de cet immense fauteuil, qu’elle n’eut pas même le courage de regarder la petite Marini, que le Gonzo lui indiquait de la main, avec une effronterie dont elle ne pouvait revenir. Tous les êtres non nobles n’étaient absolument rien aux yeux du courtisan.

Fabrice parut dans la chaire ; il était si maigre, si pâle, tellement consumé, que les yeux de Clélia se remplirent de larmes à l’instant. Fabrice dit quelques paroles, puis s’arrêta, comme si la voix lui manquait tout à coup ; il essaya vainement de commencer quelques phrases ; il se retourna, et prit un papier écrit.

— Mes frères, dit-il, une âme malheureuse et bien digne de toute votre pitié, vous engage, par ma voix, à prier pour la fin de ses tourments, qui ne cesseront qu’avec sa vie.

Fabrice lut la suite de son papier fort lentement ; mais l’expression de sa voix était telle, qu’avant le milieu de la prière tout le monde pleurait, même le Gonzo. — Au moins on ne me remarquera pas, se disait la marquise en fondant en larmes.

Tout en lisant le papier écrit, Fabrice trouva deux ou trois idées sur l’état de l’homme malheureux pour lequel il venait solliciter les prières des fidèles. Bientôt