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plus pour la tirer par force de sa platitude et de sa méchanceté naturelles.

— De votre côté, vous refusez la couronne de Parme, et mieux que la couronne, car vous n’eussiez point été une princesse vulgaire, épousée par politique, et qu’on n’aime point ; mon cœur est tout à vous, et vous vous fussiez vue à jamais la maîtresse absolue de mes actions comme de mon gouvernement.

— Oui, mais la princesse votre mère eût eu le droit de me mépriser comme une vile intrigante.

— Eh bien ! j’eusse exilé la princesse avec une pension.

Il y eut encore trois quarts d’heure de répliques incisives. Le prince, qui avait l’âme délicate, ne pouvait se résoudre ni à user de son droit, ni à laisser partir la duchesse. On lui avait dit qu’après le premier moment obtenu, n’importe comment, les femmes reviennent.

Chassé par la duchesse indignée, il osa reparaître tout tremblant et fort malheureux à dix heures moins trois minutes. À dix heures et demie, la duchesse montait en voiture et partait pour Bologne. Elle écrivit au comte dès qu’elle fut hors des états du prince :

« Le sacrifice est fait. Ne me demandez pas d’être gaie pendant un mois. Je ne