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Rassi sollicita une audience extraordinaire et dit au prince :

— Votre Altesse voudrait-elle donner cent mille francs pour savoir au juste quel a été le genre de mort de son auguste père ? avec cette somme, la justice serait mise à même de saisir les coupables, s’il y en a.

La réponse du prince ne pouvait être douteuse.

À quelque temps de là, la Chekina avertit la duchesse qu’on lui avait offert une grosse somme pour laisser examiner les diamants de sa maîtresse par un orfèvre ; elle avait refusé avec indignation. La duchesse la gronda d’avoir refusé ; et, à huit jours de là, la Chekina eut des diamants à montrer. Le jour pris pour cette exhibition des diamants, le comte Mosca plaça deux hommes sûrs auprès de chacun des orfèvres de Parme, et sur le minuit il vint dire à la duchesse que l’orfèvre curieux n’était autre que le frère de Rassi. La duchesse, qui était fort gaie ce soir-là (on jouait au palais une comédie dell’arte, c’est-à-dire où chaque personnage invente le dialogue à mesure qu’il le dit, le plan seul de la comédie est affiché dans la coulisse), la duchesse, qui jouait un rôle, avait pour amoureux dans la pièce le comte Baldi, l’ancien ami de la marquise