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fois qu’il eût été certain que je m’en étais éloignée à jamais ?

Cette fille si timide à la fois et si hautaine en vint à courir la chance d’un refus de la part du geôlier Grillo ; bien plus, elle s’exposa à tous les commentaires que cet homme pourrait se permettre sur la singularité de sa conduite. Elle descendit à ce degré d’humiliation de le faire appeler, et de lui dire d’une voix tremblante et qui trahissait tout son secret, que sous peu de jours Fabrice allait obtenir sa liberté, que la duchesse Sanseverina se livrait dans cet espoir aux démarches les plus actives, que souvent il était nécessaire d’avoir à l’instant même la réponse du prisonnier à de certaines propositions qui étaient faites, et qu’elle l’engageait, lui Grillo, à permettre à Fabrice de pratiquer une ouverture dans l’abat-jour qui masquait sa fenêtre, afin qu’elle pût lui communiquer par signes les avis qu’elle recevait plusieurs fois la journée de madame Sanseverina.

Grillo sourit et lui donna l’assurance de son respect et de son obéissance. Clélia lui sut un gré infini de ce qu’il n’ajoutait aucune parole ; il était évident qu’il savait fort bien tout ce qui se passait depuis plusieurs mois.

À peine ce geôlier fut-il hors de chez