Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

choix qu’on lui permît au monde, était la minéralogie. De jour comme de nuit, le petit palais occupé par la Fausta et où la bonne compagnie de Parme faisait foule, était environné d’observateurs ; M*** savait heure par heure ce qu’elle faisait et surtout ce qu’on faisait autour d’elle. L’on peut louer ceci dans les précautions de ce jaloux, cette femme si capricieuse n’eut d’abord aucune idée de ce redoublement de surveillance. Les rapports de tous ses agents disaient au comte M*** qu’un homme fort jeune, portant une perruque de cheveux rouges paraissait fort souvent sous les fenêtres de la Fausta, mais toujours avec un déguisement nouveau. Évidemment c’est le jeune prince, se dit M***, autrement pourquoi se déguiser ? et parbleu un homme comme moi n’est pas fait pour lui céder. Sans les usurpations de la république de Venise, je serais prince souverain, moi aussi.

Le jour de San Stefano les rapports des espions prirent une couleur plus sombre ; ils semblaient indiquer que la Fausta commençait à répondre aux empressements de l’inconnu. Je puis partir à l’instant avec cette femme, se dit M*** ! Mais quoi ! à Bologne, j’ai fui devant del Dongo ; ici je fuirais devant un prince ! Mais que