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jusqu’à Genève. Fabrice lui fit signe de se taire ; puis, après avoir déjeuné rapidement, le sourire du bonheur errant sur ses lèvres, il se leva Pépé le suivit, et, pour la troisième fois, notre héros entra dans Saint-Pétrone. Par discrétion, Ludovic resta à se promener sur la place.

— Hé, mon Dieu, monseigneur ! Comment vont vos blessures ? Madame la duchesse est horriblement inquiète : un jour entier elle vous a cru mort abandonné dans quelque île du Pô ; je vais lui expédier un courrier à l’instant même. Je vous cherche depuis six jours, j’en ai passé trois à Ferrare, courant toutes les auberges.

— Avez-vous un passe-port pour moi ?

— J’en ai trois différents : l’un avec les noms et les titres de Votre Excellence ; le second avec votre nom seulement, et le troisième sous un nom supposé, Joseph Bossi : chaque passe-port est en double expédition, selon que Votre Excellence voudra arriver de Florence ou de Modène. Il ne s’agit que de faire une promenade hors de la ville. Monsieur le comte vous verrait loger avec plaisir à l’auberge del Pelegrino, dont le maître est son ami.

Fabrice ayant l’air de marcher au hasard, s’avança dans la nef droite de l’église jusqu’au lieu où ses cierges étaient allumés ; ses yeux se fixèrent sur la madone de