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La Chartreuse n’en doit pas moins être considérée tout autant qu’un roman de mœurs italiennes, comme un roman politique (« un charmant manuel de coquinologie politique », a dit Charles Maurras) et à la fois comme un tableau d’histoire et un roman d’aventures.

Mais tandis que le Rouge révèle l’œuvre d’un homme qui n’a pas sa vraie place dans la société de son temps et qui en souffre, la Chartreuse est écrite, on le sent, par un homme apaisé, qui verse abondamment ses souvenirs attendris et se complaît aux belles images de tout ce qu’il aima. Il y répand à profusion toute son expérience et tous ses rêves. Sans rien perdre d’ardeur, la Chartreuse en devient plus humaine. Elle résume un rêve de tendresse que l’auteur n’a réalisé que dans son imagination et dont la note la plus pathétique se fait entendre aux toutes dernières pages, dans la prière de Clélia : « Entre ici, ami de mon cœur. »

Comme dans le Rouge et le Noir dont ce nouveau roman est volontairement le pendant, le contrepoids, deux femmes se disputent le cœur d’un homme. Quelques commentateurs ont voulu trouver dans la Comtesse Gina Pietranera l’image d’Angelina Pietragrua, et dans Clelia le souvenir de Métilde. Les deux femmes représentent plutôt toutes les femmes aimées par Beyle, résumées en