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Stendhal n’a point d’imagination ? Ne doit-on pas plus justement penser qu’il lui faut toujours partir de petits faits concrets pour donner essor à ses pensées. Nous savons ainsi que tout le sujet du Rouge et Noir est emprunté à la Chronique des Tribunaux, et il est assez inutile de rappeler ce que l’écrivain en a su tirer. Si on revient encore à ses procédés de composition, on ne saurait trop répéter qu’il a besoin d’un support initial et qu’il l’emprunte toujours délibérément. Sur ce support il entasse les trésors de sa divination et de son analyse. De même que la mine de Salzbourg enrichit de cristaux la moindre brindille sèche qu’on lui abandonne, tout roman de Stendhal est une cristallisation autour d’un rameau nu, qui nous est ensuite restitué sous les apparences d’un incomparable et pesant joyau.

Voilà donc Stendhal réacclimaté à Paris depuis tantôt deux ans. Habitait-il encore au no 8 de la rue Caumartin ou déjà à l’hôtel Godot-de-Mauroy, au no 30 de la rue du même nom ? Quoi qu’il en soit, c’est au cœur de Paris qu’il se met au travail. Il a retrouvé dans le milieu qu’il aime ce rayonnement indispensable sans lequel il ne peut mener jusqu’au bout ses projets littéraires. Il est