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et outré de la province, ou si n'ayant point de traits de naturel et de sensibi­lité il est tout-à-fait détestable. Quelles sont les actrices, quel est le répertoire, quel est l'esprit du public. S'il est seule­ment bavard et inattentif par habitude, mais si, au milieu de la conversation, il est ému par l'expression naïve et simple des sentiments profonds comme ces mo­ments charmants que vous eûtes un jour que vous dîtes la première scène de Phèdre chez Dugazon, devant M. de Castro, ou si le mauvais goût l'a rendu tout à fait insensible. Il me semble que des méridionaux peuvent être étourdis, mais doivent sentir au fond. Leur carac­tère doit les rendre d'excellents specta­teurs ; jamais ils ne se conduisent par le raisonnement, ils sont presque toujours passionnés : ils doivent se reconnaître dans une imitation si parfaite et si char­mante de la nature et, une fois rendus attentifs, ils doivent vous suivre partout où vous les voulez mener et pleurer ou frémir, quand vous voulez.

Les actrices ont dû susciter les cabales contre vous, les acteurs se décider sui­vant le parti de leurs maîtresses, les plus aimables abandonner les leurs, le public être travaillé en tous sens, se ré­volter peut-être contre la protection