Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/360

Cette page n’a pas encore été corrigée

des heures entières. Je m'aperçois enfin qu'il n'y a d'amour que celui que j'y mets. Vous ne me dites pas même ce que vous diriez à un ami, car au moins si je mérite ce titre, si je ne suis pas aussi âgé et si mon attachement n'a pas duré aussi longtemps que celui de ceux que vous nommez ainsi, songez que je vous adorai du premier moment que je vous vis, et que je n'aime que vous, que je n'ai point d'autre ami, que vous m'avez détaché de tout au monde, que vous faites seule mon sort. Et je vois bien après tout cela que je serai trop heureux d'être un froid ami comme les autres. Il me faudra traiter en étrangère cette per­sonne que j'ai tant aimée, lui faire des politesses et en recevoir d'elle. Vous ne serez plus pour moi qu'une connais­sance. Ah ! quelle pensée accablante, , je me sens la mort dans le cœur. Rien ne me rit plus, je ne désire plus rien pour l'avenir. Je vois bien qu'il faut que je prenne le langage d'un ami. Il vaut mieux prendre ce parti de moi-même que de me le faire dire.

Je désirerais bien savoir quels gens ce sont que les acteurs qui jouent avec vous, comment ils jouent, si le premier a au moins quelques lueurs de talent seulement obscurci par le genre affecté