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d'hier au Belvédère1, quand le souvenir de cette promenade vient te frapper. Penser, dans ce cas, c'est donc éprouver une impression d'une chose passée. C'est sentir un souvenir.

3. Tu ne dis pas : Je pense que je voudrais voir mon frère, mais plus brièvement : Je voudrais voir mon frère. Tu éprouves une impression interne qu'on appelle désir : tu sens un désir. — J'en sens aussi un bien vif de te voir.

4. Quand tu te brûles le doigt, tu dis : Je souffre. Cependant le dérangement mécanique qui s'opère dans ta main est une chose différente, distincte delà dou­leur que tu sens. La preuve en est que, si le bras est paralysé ou gangrené, on te brûlerait le doigt jusqu'à le faire tomber en cendres, que tu ne le sentirais pas. Pen­ser, dans ce cas, est donc tout bonnement sentir une sensation ou sentir. Quand tu dis : « Je pense que je me brûle, ou sim­plement : « Je me brûle », tu ne fais donc que sentir. Sentir, cette chose que tout le monde connaît par expérience, et

1. Le Belvédère était non loin de la propriété des Beyle à Clais. C'est de là qu'en 1S05 Pauline écrivait à son frère : » Je suis au Belvédère, il est huit heures. Les arbres qui m'entourent sont tourmentés par l'orage, les paysans qui travaillaient dans les champs voisins ont cessé leur» ouvrage* et de temp? en temps le vent apporte les sons de la cloche cie Yaïse qui sonne l'angelus... «