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peint les passions les plus fortes possibles, dans des cœurs dont les têtes savaient le plus de vérités possible), YOreste d'Alfleri sera aussi sublime dans cinq mille ans s'il existe, qu'aujourd'hui.

Les comédies vieillissent, parce que tout ce qui est mœurs dans elles vieillit ; les comédies peignent : 1° les mœurs ; 2° les passions ; il n'y a que les passions qui ne vieillissent point.

La vanilé qui produit les travers de Bélise, Armande et Philaminte, dans les Femmes savantes, existera bien toujours ; mais les moyens qu'elle emploiera pour se satisfaire seront différents. Il y a quatre ans, par exemple, elle leur faisait apprendre la chimie ; à cette heure, ce défaut n'existe plus dans la bonne compagnie.

U ambition qui pousse le Tartufe existe encore ; souvent encore, elle prend le même chemin (l'hypocrisie) pour parvenir. Je t'observe, en passant, qu'excepté dans les républiques bien organisées l'ambi­tieux est toujours un peu hypocrite ; remarque Cromwell parvenant au trône l'Evangile à la main, et s'en moquant avec ses favoris. Le Tartufe est donc joué bien plus souvent que les Femmes sa­vantes, parce qu'il intéresse plus.

II ne manque au Philinte de Fabre que d'être plus gai et mieux écrit pour être