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l'homme ennuyé, et ils se seraient détestés à la mort toute la vie, au lieu que, se mariant par raison, on n'est jamais irrité, parce qu'on trouve à peu près ce sur quoi on comptait. Il y a une fausse raison pro­fessée par tous les sots du monde, qui s'en servent pour blâmer les gens d'esprit ; mais il y en a une véritable qu'il faut connaître parce qu'elle fait le bonheur de la vie. En général, tout mal vient d'igno­rer la vérité, toute tristesse, tout chagrin, d'avoir attendu des hommes ce qu'ils ne sont pas en état de vous donner.

Pense à ça, ma chère Pauline, et écris-moi souvent comme tu penses, au hasard. Envoie-moi le caractère de F..., il me sera très utile. Je crois avoir découvert que toutes vos passions, mesdames les femmes, se réduisent à la vanité ; je veux pousser cette opinion, et si je la trouve vraie, vous ne me ferez plus faire de folies.

Connaissance de l'homme.

Il faut tâcher de te rendre raisonnable, c'est-à-dire être toujours prête à céder quand les événements que tu verras, ou dont tu seras certaine, te prouveront que tu as tort. Voilà ce qui distingue les femmes d'esprit de caillettes qui ne font que ré­péter quelques petites bêtises accrochées au hasard des hommes de leur société :