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tant que possible dans la rue. Un quart de minute ne s’était pas écoulé lorsque le bouquet, attaché comme de coutume à la longue canne, vint frapper sur son bras. Elle saisit le bouquet mais, en l’arrachant vivement à la canne sur l’extrémité de laquelle il était fixé, elle fit frapper cette canne contre le balcon en pierre. À l’instant partirent deux coups d’arquebuse suivis d’un silence parfait. Son frère Fabio, ne sachant pas trop, dans l’obscurité, si ce qui frappait violemment le balcon n’était pas une corde à l’aide de laquelle Jules descendait de chez sa sœur, avait fait feu sur son balcon ; le lendemain, elle trouva la marque de la balle, qui s’était aplatie sur le fer. Le seigneur de Campireali avait tiré dans la rue, au bas du balcon de pierre, car Jules avait fait quelque bruit en retenant la canne prête à tomber. Jules, de son côté, entendant du bruit au-dessus de sa tête, avait deviné ce qui allait suivre et s’était mis à l’abri sous la saillie du balcon.

Fabio rechargea rapidement son arquebuse, et, quoi que son père pût lui dire, courut au jardin de la maison, ouvrit sans bruit une petite porte qui donnait sur une rue voisine, et ensuite s’en vint, à pas de loup, examiner un peu les gens qui se promenaient sous le balcon du