Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parvenir un mot à Branciforte : Colonna avait déclaré qu’il était mort, et certes Jules ne reparaîtrait au monde que quand le prince le voudrait. La nourrice d’Hélène lui annonça en pleurant que sa mère venait enfin de découvrir sa retraite, et que les ordres les plus sévères étaient donnés pour qu’elle fût transportée de vive force au palais Campireali, dans Albano. Hélène comprit qu’une fois dans ce palais sa prison pouvait être d’une sévérité sans bornes, et que l’on parviendrait à lui interdire absolument toutes communications avec le dehors, tandis qu’au couvent de Castro elle aurait, pour recevoir et envoyer des lettres, les mêmes facilités que toutes les religieuses. D’ailleurs, et ce fut ce qui la détermina, c’était dans le jardin de ce couvent que Jules avait répandu son sang pour elle : elle pourrait revoir ce fauteuil de bois de la tourière, où il s’était placé un moment pour regarder sa blessure au genou ; c’était là qu’il avait donné à Marietta ce bouquet taché de sang qui ne la quittait plus. Elle revint donc tristement au couvent de Castro, et l’on pourrait terminer ici son histoire : ce serait bien pour elle, et peut-être aussi pour le lecteur. Nous allons, en effet, assister à la longue dégradation d’une âme noble et généreuse. Les mesures prudentes et les mensonges de la civilisation, qui dé-