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fois que le troisième jour qu’enfin il eut l’espoir de faire parvenir une lettre à Hélène. Par ses ordres, l’on suivait exactement les deux sœurs converses chargées d’acheter une partie des approvisionnements du couvent ; l’une d’elles avait des relations avec un petit marchand. Un des soldats de Jules, qui avait été moine, gagna l’amitié du marchand, et lui promit un sequin pour chaque lettre qui serait remise à la pensionnaire Hélène de Campireali.

— Quoi ! dit le marchand à la première ouverture qu’on lui fit sur cette affaire, une lettre à la femme du brigand !

Ce nom était déjà établi dans Castro, et il n’y avait pas quinze jours qu’Hélène y était arrivée : tant ce qui donne prise à l’imagination court rapidement chez ce peuple passionné pour tous les détails exacts !

Le petit marchand ajouta :

— Au moins, celle-ci est mariée ! Mais combien de nos dames n’ont pas cette excuse, et reçoivent du dehors bien autre chose que des lettres.

Dans cette première lettre, Jules racontait avec des détails infinis tout ce qui s’était passé dans la journée fatale marquée par la mort de Fabio : « Me haïssez-vous ? » disait-il en terminant.