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» Si vous m’accordez l’honneur d’une réponse, veuillez bien me l’adresser au plus tôt, parce qu’il est possible (quoique non décidé jusqu’à présent) que les circonstances me conduisent encore une fois en Grèce. Mon adresse, pour le moment, est à Gênes, et, si j’étais absent, on me la ferait parvenir partout où je serais.

» Je vous prie de me croire, avec un souvenir très-vif de notre courte connaissance et l’espoir de la renouveler un jour,

« Votre très-obligé et obéissant serviteur,
» Signé : Noël BYRON.

» P. S. Je ne m’excuse pas de vous avoir écrit en anglais, parce que je sais que vous connaissez parfaitement cette langue. »

Malgré le ton à la fois suppliant et poli de cette lettre, Beyle ne modifia en rien son opinion sur l’excessive servilité de Walter Scott ; il ne répondit même pas à lord Byron ; car, ayant trouvé, à tort ou à raison, une nuance d’hypocrisie dans sa lettre, il préféra garder le silence plutôt que de s’exposer à dire une chose désagréable à un homme qu’il aimait et estimait.

Pendant les dix années de 1821 à 1830, Beyle fut tout à fait homme du monde et écrivain. Il fréquenta habituellement les cercles où se rencontraient les notabilités dans la politique, dans les lettres, dans les arts, et où se montraient les femmes que des avantages extérieurs ou ceux de l’intelligence recommandaient à l’attention. C’est de cette époque que date, à Paris, sa réputation d’homme d’esprit et de conteur agréable. La société écoutait avec plaisir, avec un intérêt soutenu, cette multitude d’anecdotes que sa vaste mémoire et sa vive imagination produisaient sous une forme gracieuse, colorée, originale. On reconnaissait dans le narrateur l’homme qui avait beaucoup étudié, beaucoup vu et finement observé.

À travers les profondes altérations subies par la vie de salon, depuis 1780, il rappelait un peu l’attention sur le goût régnant alors chez les gens en possession de le diriger ; il