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ténues, les cirrhus, les cumulus, sont transformés en or bruni et flamboyant. Leur éclat se réfléchit sur la muraille gigantesque d’un noir-bleu qui, à l’occident, borne le Tanguégnica ; il révèle ces montagnes, dont le sombre voile cachait les merveilles ; répand sur elles des teintes du rose le plus doux et les inonde d’un flot de lumière argentée.

De toutes les peuplades de la région que nous venons de décrire, la plus remarquable est celle des Mouéziens. Le type du Mouézien est un homme de grande taille, qui a la peau noire, les jambes longues, et une figure de bonne humeur, où s’épanouit un large sourire. Il porte, au milieu des incisives de la mâchoire supérieure, un petit trou qu’on lui a fait dans son enfance pour indiquer sa tribu. Ses cheveux, divisés en tire-bouchons, lui tombent sur le cou. Sa nudité presque entière, montre des formes qui serviraient de modèle pour un Apollon noir.

Il est né commerçant et voyageur ; c’est le Yankee [1] de l’Afrique.

Sa tribu a le monopole du transport des marchandises ; et cela depuis les temps les plus reculés. C’est le cheval, le mulet, le chameau, la bête de somme que recherchent avidement tous ceux qui veulent passer de la Mrima dans les régions du centre. Les Arabes ne vont nulle part sans lui ; et, sans lui, l’explorateur de race blanche ne pourrait pas voyager..

En caravane, il est docile et poltron ou fanfaron ; chez lui, d’humeur joyeuse, trafiquant pour son

  1. Surnom de l’Américain des États-Unis dont la maxime est « Va de l'avant. » (J. Belin de Launay)