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De tous les coups portés aux tribus du Cami, le plus terrible et le plus sûr leur était venu d’en haut. Le récit était vrai : des cent villages que nous avions comptés l’année précédente, il n’en restait plus que trois. C’était le cas de répéter avec le vieux chef : « Dieu est tout-puissant ; qui peut lui résister ? »

30 avril. Nous évitons Msouhoua et nous nous précipitons dans la jungle, qui, l’année dernière, nous a donné tant de peine. En dehors du couloir que nous suivons, elle est si épaisse qu’un tigre ne pourrait y ramper, si résistante qu’un éléphant ne la déchirerait pas. Quelle fétidité, quel poison ! Recueillis et concentrés, les miasmes que l’on respire ici auraient une action foudroyante ; l’acide prussique ne serait pas plus fatal.

Horreurs sur horreurs, dans cette caverne épineuse : des boas sur nos têtes ; des serpents, des scorpions, sous nos pieds ; des crabes, des tortues, des iguanes, des légions de fourmis, dont les morsures brûlantes nous font bondir et nous tordre comme des damnés. Puis les dards et les lances des cactus ; les grappins et les aiguilles des broussailles ; la fange qui vous monte jusqu’aux genoux, le manque d’air, les effluves putrides. On ne comprend pas que l’on sorte vivant d’un pareil endroit.

2 mai. Rosaco. Au moment où j’entrais dans le village, y arrivaient les trois hommes que j’avais expédiés à Zanzibar. Ils m’apportaient de la part de M. Webb, toujours généreux, quelques bouteilles de champagne, quelques pots de confiture et deux boîtes de biscuit de Boston. Toutes choses que les