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du fait ; les esclaves ayant confirmé la réponse du Coran, il avait écrit au gouvernement du Gnagnembé pour lui demander l’autorisation de vendre, à son profit, le peu d’étoffe que ses débauches n’avaient pas absorbé.

Il savait bien, cependant, que je n’ étais pas mort, et que j’attendais mes valeurs avec impatience : des gens qui m’avaient vu le lui avaient dit. Mais, n’ayant aucune moralité, et se trouvant dans un pays où il n’y a d’autre loi que celle du poignard ou du mousquet, il me dépouilla complètement.
Je me trouvais donc entièrement épuisé au physique et je n’avais d’autres ressources qu’un peu d’étoffe et de rassade, que j’avais eu la précaution de laisser à Djidji, en cas de nécessité.
La perspective d’en être réduit avant peu à tendre la main aux habitants du pays me mettait au supplice. Cependant je ne pouvais pas me désespérer. J’avais beaucoup ri autrefois d’un ami, qui, en atteignant l’embouchure du Zambèse, s’était plongé dans la désolation parce qu’il avait brisé la photographie de sa femme. Après un pareil malheur, disait-il, nous ne pouvions pas réussir. Depuis lors, il y a pour moi quelque chose de si burlesque dans la seule pensée du désespoir, que je ne saurais m’y abandonner.
Alors que je touchais à la plus profonde misère, de vagues rumeurs, au sujet de l’arrivée d’un Européen, vinrent jusqu’à mon oreille. Je me comparais souvent à l’homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho, et je me disais que ni prêtre, ni lévite, ni voyageur ne pouvait passer près de moi. Pourtant le bon Samaritain approchait.