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Parmi ces paquets à mon adresse, j’en trouvai un du docteur Kirk, renfermant deux ou trois lettres pour Livingstone.

Une foule compacte se pressait à notre porte, dans un étonnement indescriptible, causé par ces énormes feuilles. Les mots « khabari kisoungou » (nouvelles du pays des blancs) circulaient parmi les spectateurs, qui se demandaient quelles pouvaient être ces nouvelles d’une si prodigieuse quantité ; et ils exprimaient l’opimon que les hommes blancs étaient « mbyah sana »ou très « mkali » ; c’est-à-dire très méchants, très fins et très habiles ; le mot méchant est souvent employé dans ce pays pour exprimer la plus haute admiration.

Nous partîmes de Gounda le 14 février, et le 18 nous entrions dans la vallée de Couihara, que nous faisions retentir de nos coups de feu. Il y avait cinquante-trois jours que nous avions quitté Djidji, et cent trente et un que j’étais sorti de cette même vallée, sans savoir si je pourrais atteindre le but de mon voyage.

L’ombre que je poursuivais alors était devenue une réalité, et jamais celle-ci ne m’avait paru plus frappante qu’au moment où j’entrai avec Livingstone dans mon ancienne maison, dans mon ancienne chambre, en lui disant : « Nous sommes chez nous, docteur ».