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Ne trouvant rien dans la plaine, je franchis une petite crête, et j’arrivai dans un bassin herbu où s’éparpillaient des bouquets d’hyphœnés et de mimosas. Neuf girafes tondaient le feuillage de ces derniers. Je me couchai dans l’herbe, et, profitant des fourmilières pour me dissimuler, j’approchai des bêtes défiantes avant que leurs grands yeux eussent pu me découvrir. Mais, à cent cinquante mètres environ, l’herbe s’éclaircit et devint courte, il fallut s’arrêter.

Je repris largement haleine ; je m’essuyai le front et restai assis pendant quelque temps. Bilali et Khamisi, mes noirs compagnons, firent de même. Outre le repos dont nous avions besoin, il fallait calmer l’émotion que nous causait la vue de ce gibier royal.

Je caressai le pesant raïfle, j’en examinai les cartouches, je me levai et mis à l'épaule. Je visai avec soin, et baissai mon arme pour en régler le point de mire. Je revisai longuement, et le raïfle s’abaissa de nouveau. Une girafe se détourna. Cette fois le coup partit et alla droit au cœur. La bête chancela, prit le galop, tomba à moins de deux cents pas – un flot de sang coulait de la blessure. Elle fut achevée d’une seconde balle, qu’elle reçut dans la tête.

« Dieu est grand ! » s’écria Khamisi avec enthousiasme. C’était le boucher ; il ne voyait que la viande. Le lendemain je fus pris d’un violent accès de fièvre qui dura trois jours, pendant lesquels il me fut impossible de sortir du lit. Nous pûmes enfin partir, et le 27 nous nous mîmes en route pour Misonghi. À moitié chemin, je vis la caravane se débander progressivement, homme par