éteinte par Bismark et par de Moltke, la France vaincue…
Quelle avalanche de faits pour un homme qui sort des forêts vierges du Mégnéma ! En écoutant ce récit, l’un des plus émouvants que l’histoire ait jamais permis de faire, le docteur s’était animé ; le reflet de la lumière éblouissante que jette la civilisation éclairait son visage.
Pendant notre conversation, nous nous étions mis à table, et Livingstone, qui se plaignait d’avoir perdu l’appétit, de ne pouvoir digérer au plus qu’une tasse de thé, de loin en loin, Livingstone mangeait comme moi, en homme affamé, en estomac vigoureux ; et, tout en démolissant les gâteaux de viande, il répétait : « Vous m’avez rendu la vie, vous m’avez rendu la vie. »
« Oh ! par George, quel oubli ! m’écriai-je. Vite Sélim, allez chercher la bouteille ; vous savez bien. Vous prendrez les gobelets d’argent. » Sélim revint bientôt avec une bouteille de Sillery que j’avais apportée pour la circonstance, précaution qui m’avait souvent paru superflue. J’emplis jusqu’au bord la timbale du vin égayant.
« À votre santé, docteur.
– À la vôtre, monsieur Stanley. »
Et le champagne, que j’avais précieusement gardé pour cette heureuse rencontre, fut bu, accompagné des vœux les plus cordiaux, les plus sincères.
Nous parlions, nous parlions toujours ; les mets ne cessaient pas de venir ; tout l’après-midi, il en fut ainsi ; et chaque fois l’attaque recommençait.