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avait si curieusement dotés, surgir et s’affaisser en lourdes ondulations languissantes, pareilles au mouvement de la houle quand la mer s’endort après la tempête. Où passaient les ânes, la vague herbue s’élevait à plus de trente centimètres. Tout à coup la jambe de l’un d’eux a crevé ce pont mobile. La pauvre bête ne pouvant pas en sortir, le trou s’est creusé, s’est agrandi et promptement rempli d’eau. Toutefois, avec le secours de dix hommes, je suis parvenu à enlever l’âne et à le remettre sur une couche ferme, d’où nous lui avons fait lestement gagner la rive.

Le marais fut franchi sans autre accident.

1er novembre. Ayant marché au nord-ouest, et descendu la pente d’une montagne, nous avons enfin contemplé le Malagarazi. Nous en avons suivi la rive gauche pendant quelques kilomètres et nous sommes arrivés à des villages qui avaient pour gouverneur un chef nommé Kiala.

Il nous a élévé des difficultés qui m’ont empêché de traverser aujourd’hui la rivière, comme je l’avais espéré. On nous a dit, de sa part, de faire un camp avant d’entrer en négociations. Nous avons voulu discuter ; on nous a répondu que nous étions libres de passer la rivière, si tel était notre désir ; mais que pas un homme du pays ne nous viendrait en aide.

Obligé de subir cette halte, j’ai fait dresser ma tente au milieu d’un village et serrer les ballots dans une case, où ils sont gardés par quatre de mes soldats, et j’ai envoyé une ambassade à Kiala, fils aîné du grand chef, pour le prier d’autoriser notre caravane, toute pacifique, à passer la rivière.