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valait mieux aller droit au nord et gagner le Malagarazi, affluent considérable du Tanguégnica, où il arrive du levant. Mais personne de ma bande ne connaissait la route, et le chef d’Imréra ne voulut permettre à aucun de ses hommes de nous servir de guide.

Suivant les indigènes, le Malagarazi n’était qu’à deux étapes. Je crus cependant nécessaire de donner à mes hommes des rations pour trois jours. Malheureusement, bien qu’Itaga, où nous étions campés, possède des champs d’une grande étendue, et que ses habitants cultivent le sorgho, la patate, les haricots et le manioc, dont ils font du tapioca, on n’y saurait acheter un poulet, à n’importe quel prix. La seule chose que nous pûmes nous y procurer, en dehors du grain, fut une chèvre d’une extrême maigreur, importée du Vinza à une époque lointaine.

Le lendemain 25 octobre ne me rappelle que de mauvais souvenirs ; à dater de ce jour, les difficultés du droit de passage reparurent.

Le 29 octobre, presque à la sortie du camp, nous eûmes sous les yeux l’une des plus belles scènes que j’aie rencontrées en Afrique. Une vue sublime, mais peu encourageante : d’un côté, des ravins sauvages, déchirant le pays dans tous les sens, bien qu’en général leur direction fût nord-ouest ; de l’autre, des masses de grès, masses énormes et quadrangulaires, ou formant des tours, des pyramides, des mamelons, des cônes tronqués, des cirques hérissés de pointes, bosselés de rocailles et entièrement nus. On n’apercevait de végétation nulle part, excepté dans quelques