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dans lesquelles ses partisans s’étaient enrichis, avaient affermi son autorité ; depuis lors, son audace n’avait plus connu de bornes. Ayant exterminé les habitants sur trois degrés de latitude, il avait cherché querelle à Mkésihoua, chef du Gnagnembé (un des districts du Mouézi), et faisait un grief aux Arabes de ce qu’ils refusaient de le soutenir contre leur vieil ami. Enfin, il venait de déclarer que désormais nulle caravane ne franchirait ses États, à moins de lui passer sur le corps.

Le vieux cheik Séid ben Sélim, dont l’humeur était pacifique, avait tout mis en œuvre pour fléchir le tyran ; mais celui-ci n’avait rien voulu entendre, et répétait que le seul moyen de regagner ses bonnes grâces était de le soutenir dans la guerre qu’il préparait contre Mkésihoua.

« Telle est la situation, dit Abdallah au conseil. Mirambo n’en fait pas mystère : après avoir vaincu les Vouachenzi [1], il veut nous vaincre à notre tour. Il ne s’arrêtera qu’après avoir chassé les Arabes, écrasé Mkésihoua et conquis le Gnagnembé. En sera-t-il ainsi, enfants de l’Oman ? Réponds, Sélim, fils de Séif : devons-nous battre ce païen, ou retourner dans notre île ? »

Un murmure approbateur suivit cette apostrophe. La majorité du conseil était composée d’hommes

  1. Ce mot désigne généralement les hommes de l'intérieur de l'Afrique : on l'applique à ceux qui n'ont pas de tribu et vivent de brigandages. Burton dit que ce sont des vaincus ou des esclaves révoltés. Ces hommes nous ont l'air de ressembler beaucoup à ceux qui s'appellent les Mazitous. (J. Belin de Launay)