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pente douce, à une distance d’un mille. Bref, la scénerie d’un parc anglais : une immense pelouse avec des bouquets d’arbres en quantité suffisante, et agréablement distribués,

Le chemin quitta cette pelouse, et nous fit entrer dans un petit bois de jeunes ébéniers, où je vis des pintades et des caamas[1]. Puis avec tout le caprice d’un sentier de chèvre, il serpenta sur une série d’ondulations, couronnées par le sombre feuillage du manguier, et par celui du boabab, à la fois moins épais et d’une teinte plus claire. Dans le fond de ces grandes vagues, se trouvaient des jungles, plus ou moins serrées, avec çà et là des éclaircies, rendues ombreuses, même au milieu du jour, par de minces bouquets d’arbres à haute tige.

À notre approche, des bandes de pigeons verts, des ibis, des tourterelles, des geais, des tétras, des cailles, des corneilles, des oiseaux de proie, des poules d’eau, s’enfuyaient avec terreur. De temps à autre un pélican prenait son vol ; des couples d’antilopes animaient la perspective, et des singes s’éloignaient en bondissant à la manière des kangourous ; ils étaient de belle taille, avaient la tête ronde comme une boule, la poitrine blanche et une grande queue, terminée par un bouquet de poils.

Vers cinq heures, après une marche de onze milles, pendant laquelle nous avions déchargé et rechargé quatre fois nos ânes, traversé un canal fangeux, une mare profonde, et une rivière, nous atteignions Kikoka. C’est une collection de maisonnettes, couvertes en chaume, et de cette forme bâtarde inventée par les colons de Zanzibar et de la Mrima[2], pour exclure le plus de soleil possible de leurs demeures. Un canal et quelques fontaines fournissent aux habitants une eau, qui, sans être désagréable au goût, n’est pas positivement salubre ni très-appétissante, en rai-

  1. Bubales du midi de l’Afrique. Le leste porte le nom de hartebeest que cette grande antilope a reçu des Colons du Cap ; nous avons préféré celui de caama, qu’elle tient des Hottentots, et qui, plus facile à prononcer, n’est pas moins connu. Mais nous ignorons si le caama de cette région est bien le même que celui du midi, ou s’il a plus de rapport avec le bubale du nord de l’équateur, qui ne diffère du hartebeest que par une tête moins longue, des cornes moins courbées, et une robe unie, d’une teinte roussâtre, tandis que celle de l’autre est d’un roux brun foncé sur le dos, plus claire sur les flancs, blanche sur le ventre et par derrière, avec des lignes noires sur les jambes. C’est du reste la moins jolie des antilopes. « Bête anguleuse ! faite de triangles, dit Harris. » En outre la figure trop longue et mal coiffée.
    -----(Note du traducteur.)
  2. Nom qui signifie terre des collines, terrain montueux, et que les gens de Zanzibar donnent à la portion de la côte africaine, située en face de leur île.(Note du traducteur.)