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Société, sachant bien que ses lettres seraient communiquées à l’auguste corps, dont Murchison était le chef. Si maintenant il n’a pas donné plus de détails sur le résultat de ses travaux, c’était dans la crainte de les voir altérer au profit de certains systèmes ; maints critiques oubliant qu’ils n’ont pu connaître les faits en question que par les recherches persévérantes de celui qui les a découverts.

C’est vraiment une chose lamentable que les explorateurs ne puissent pas articuler ce dont ils ont la preuve, sans être exposés à se voir traiter de partisans d’une clique organisée dans le but d’ébranler les théories des géographes, ou à s’entendre accuser « de dénaturer des faits bien connus. »

Si, d’après les rapports d’un Arabe, le savant M. Cooley a pu dessiner un grand lac dont l’étendue, embrassant le Nyassa, le Tanganika et le N’Yanza, occupe tout le centre de l’Afrique, pourquoi ne reconnaît-il pas son erreur quand Burton, Livingstone, Speke, Grant, Wakefield, New, Rosher, Von der Decken et Baker lui prouvent que cette même étendue renferme plusieurs nappes d’eau largement séparées, et désignées chacune par un nom différent ? Il ne faut pas beaucoup plus de travail pour indiquer une demi-douzaine de lacs que pour en esquisser un seul, et le témoignage d’un pareil groupe de voyageurs devrait avoir plus de poids que le ouï-dire d’un Arabe. Cependant M. Cooley m’accuse d’aveuglement ou de méprise quand j’affirme que le Tanganika est un lac indépendant, et il ne pardonne pas à Burton d’en avoir fait la découverte. Avec toute son érudition, en matière géographique, il n’a pas le courage d’avouer qu’il a pu être induit en erreur.

Malheureusement il n’est pas le seul du genre ; c’est le type d’une espèce. Le cooléyisme est évidemment contagieux, même en dépit de l’expérience, du savoir et du mérite ; la preuve, c’est que M. Galton, avec un large sourire et les manières les plus exquises, a qualifié ma défense de Livingstone « d’histoire à sensation » ; pendant que M. Beke déclarait formellement, avec toute la persistance d’un homme à dada, que le docteur Livingstone n’a pas découvert une source du Nil. Cette déclaration emphatique, au moins prématurée, ne peut être que le résultat d’une fatuité déplorable.

Aucun des susdits gentlemen n’a plus d’autorité sur ce point que le grand explorateur, dont les notes ont été prises sur les lieux, par de latitude sud et de longitude ouest