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crie avec impatience, part comme une flèche, pour montrer avec quelle rapidité il pourrait vous conduire, et ne s’arrête qu’au moment où la ruche est gagnée,

Tandis que l’indigène enfume les abeilles et s’empare de leur trésor, le petit oiseau lisse son plumage ; puis il entonne un chant de triomphe, comme pour informer le grand bipède que sans lui il n’aurait jamais pu découvrir le miel.

Du Gombé au Tongoni, les moustiques et la tsétsé nous causèrent mille tourments. Leur nombre considérable était dû à la quantité de grands animaux qui habitaient les environs.

Le 9 octobre, nous fîmes une longue étape en nous dirigeant vers le sud, et nous nous arrêtâmes au centre d’un bouquet d’arbres splendides, où notre camp fut établi. L’eau était fort rare sur la route ; la caravane en souffrait énormément.

Les Vouamrima et les Vouanyamouézi ne savent pas résister à la soif. Dans les parages bien arrosés, ils boivent à chaque ruisseau, à chaque étang. Lorsque le pays est aride, ils font des tirikézas pour se rapprocher de l’eau, et remplissent leurs gourdes afin de pouvoir gagner la station le lendemain matin.

Sélim était encore plus incapable que les autres de supporter la soif ; quelque précieux que fut le liquide dont il était pourvu, il en épuisait jusqu’à la dernière goutte avant d’arriver au camp, et souffrait après cela toute la nuit et pendant l’étape suivante. Pas une mare, pas un trou fangeux où il ne s’abreuvât largement, ce qui mettait sa vie en danger ; et ce jour-là, 9 octobre, il se plaignit d’un commencement de dyssenterie.

Depuis que nous avions quitté l’Ougounda, les entretiens du soir roulaient invariablement sur les gens de Mirambo, sur leurs atrocités, et sur la rencontre que nous pouvions faire de ces bandits qui battaient la forêt. Je crois vraiment que l’apparition d’une demi-douzaine de Rouga-Rouga aurait suffi pour disperser la caravane.

Le jour suivant, après une course de trois heures, nous atteignîmes Maréfou. Nous y trouvâmes une ambassade, chargée de présents que les Arabes de l’Ounyanyembé envoyaient aux Voualouta du sud. Le chef de la bande, un Mségouhha, nommé Hassan, était là depuis dix jours, retenu par des bruits de guerre. On assurait que Mbogo, sultan de la province du même nom, se battait contre le frère de Manoua Séra. Or le Mbogo, district important de l’Oukonongo, n’est qu’à deux étapes de Maréfou ; et la crainte empêchait le vieux diplomate de continuer sa route. Il était