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Enfin nous atteignîmes le Ngouhalah, un noullah dont les citernes rocheuses et profondes, renfermaient une eau fraîche, abondante et douce.

Le Ngouhalah prend naissance vers le nord, dans l’Oubanarama, contrée célèbre dans cette région pour la beauté de ses ânes. Après avoir couru au sud, puis au sud-sud-ouest, le Ngouhalah traverse la route de l’Ounyanyembé, d’où il incline au couchant. Les traces de la furie des eaux qui le parcourent n’y sont pas moins visibles que dans le lit du Maboungourou.

Le 16 nous étions au camp de Madédita, ainsi nommé d’un village qui n’existe plus. Nous avions fait douze milles et demi à partir du Ngouhalah. À quelque cent pas de la route se trouve un étang, dont l’eau est bonne, et qui est le seul réservoir que l’on rencontre jusqu’à la station suivante. La tchoufoua, c’est-à-dire la tsetsé, nous tourmenta d’une façon cruelle, preuve que la grosse bête vient s’abreuver à l’étang ; mais ce qui n’annonce pas qu’elle en habite les rives. Des bords si fréquentés par les caravanes ne peuvent pas être le refuge d’animaux sauvages, qui, dans cette partie de l’Afrique, évitent soigneusement le voisinage de l’homme.

Au point du jour nous étions en route, marchant d’un pas plus leste qu’à l’ordinaire. Bientôt nous allions quitter le Magounda Mkali pour entrer sur un territoire plus populeux et plus fécond.

Deux heures de cette marche rapide, et la forêt, que nous commencions à trouver monotone, s’éclaircit. Elle diminua, ne fut plus qu’une jungle ; puis elle disparut, et nous nous trouvâmes dans une vaste plaine qui se gonflait, s’abaissait, ondulait jusqu’à un horizon bleuissant au loin et qui reculait sans cesse.

Des champs de grain suivaient les ondulations et les contours de cette plaine, champs fertiles dont la brise qui arrivait, chargée du froid pénétrant de l’Ousagara, faisait s’entrechoquer les épis mûrs.

À huit heures nous arrivions au village-frontière de l’Ounyamouézi, le Toura-Oriental, que mes gens envahirent, sans s’inquiéter des habitants, d’ailleurs assez peu nombreux. Nous y trouvâmes Nondo, un déserteur de Speke, et l’un des partisans de Baraka dans les disputes que ce dernier eut avec Bombay[1]. Désirant se mettre à mon service, Nondo m’engagea à fournir du

  1. Voir le journal du capitaine Speke, les Sources du Nil, pages 123 et 421. (Note du traducteur.)